Les scientifiques ont étudié le suaire de Turin en 1978 et ce qu'ils ont découvert allait changer complètement la connaissance de ce tissu. Ces études indépendantes sont les références en matières de connaissance sur le linceul de Turin. Mais la science avait commencé à s'intéresser à ce tissu dès le XIXe siècle.
De Sébastien Cataldo, le 20 janvier 2017
Avec ces livres, vous allez connaître toutes les bases des études sur :
- Le Tome 1 – Les évangiles, vous pourrez lire une synthèse théologique couvrant l’analyse des quatre évangiles au regard de leur correspondance possible avec le linceul de Turin… qu’il soit authentique ou non.
- Le Tome 2 - L’histoire, vous allez savoir si ce linceul peut être historiquement daté du Ier siècle.
- Le Tome 3 - la médecine, vous découvrirez ce que les médecins légistes ont déclaré quand ils ont examiné les blessures de l’homme du linceul.
- Le Tome 4 - la science, vous aurez toutes les connaissances requises pour comprendre les découvertes scientifiques les plus importantes et la controverse de la datation au carbone 14.
Alors, ne ratez pas les dernières découvertes et téléchargez les 4 livres gratuits.
Découvrez les articles sur les recherches scientifiques :
- Les caractéristiques de l'image et du tissu
En 1978, des scientifiques ont pour la prmière fois accès au tissu et à son image pendant plusieurs jours. Ils utiliseront des tonnes de matériel et des centaines d'analyses et prélèvements seront faites et ce qu'ils vont découvrir étonnera le monde entier.
- L'échantillon pour une datation
En 1988, le Vatican autorise pour la 2e fois la découpe d'un échantillon du suaire mais cette fois-ci, c'est pour une datation au carbone 14 afin de connaître l'âge de la fabrication de la toile. Le verdict tombe quelques mois plus tard et pourtant presque 30 ans après, tout est peut-être à refaire...
Le plus grand mystère du linceul de Turin est bien de comprendre comment c'est formée l'image qui est dessus. Malgré de nombreuses hypothèses, le mystère reste entier.
L'une des caractéristiques les plus connus du suaire de Turin est que son image ressort en 3D quand on utilise certains logiciels. Mais comment un tel phénomère est possible ?
- L'image est-elle une brûlure ?
La question que tout le monde se pose est de savoir comment l'image du linceul c'est produite. Une des hypothèse avancée est celle de la méthode par brûlure du tissu. Explication et analyse.
Comme beaucoup de tissu ancien, la manière de tisser la toile, son mode de fabrication pourrait donner un lieu de tissage et peut-être également une date de réalisation.
Des lettres invisibles à l'oeil nu ont été découvertes autour du visage de l'homme du suaire. Que veulent-elles dire ? De quand datent-elles ? Qui les a écrites ? Mais avant tout, sont-elles réelles ?...
Le corps de l'homme du linceul est-il en fait une simple peinture ? Et si tout simplement, cet homme ne serait en fait qu'une icone peinte parmi tant d'autres ? Mais peut-on peindre avec autant de précision sur un tissu un corps aussi parfait ? D'ailleurs est-ce que de la peinture a été retrouvé sur le tissu ?.
En 2010, année d'exposition, on peut penser que les études et les polémiques autour de ce tissu et de cette image sont récentes et datent du siècle dernier.
Mais l'histoire de l'étude du linceul est plus vieille que cela car, dès son apparition à Lirey en 1357, le linceul a suscité des débats. Le désir de l’analyser et de connaître sa provenance est apparu très tôt.
L'image de l'homme qui est sur le linceul de Turin a toujours fasciné. L'observation de ce corps ensanglanté a, dès le début de son histoire, attiré non seulement l'intérêt des fidèles venus le vénérer mais aussi la curiosité des autres pour savoir si cette image était surnaturelle ou « faite de mains d'homme ».
La recherche scientifique, quelle soit une recherche par des documents, par l'observation directe, ou plus tard par des tests à l'aide d'appareils très sophistiqués, fait partie de l'histoire du linceul de Turin et se pose parfois en alternative à l'admiration, car la fascination qu'il exerce pousse ceux qui sont en face de lui à comprendre la raison d'être de ce linceul et sa réelle nature.
Le premier à avoir étudié le linceul de Turin est, d'après le document de 1389 (1), l'Évêque Henri de Poitiers vers 1355, pour savoir au travers les Évangiles canoniques (2) si le linceul exposé à Lirey à cette époque pouvait être le linceul qui avait recouvert le corps du Christ au tombeau. Toujours d'après ce document, le linceul de Lirey était un faux, fabriqué et peint par un artiste inconnu et dont la technique n'est pas citée. Devant le peu d'éléments concrets et le manque de preuves flagrantes de la supercherie, les ostensions continuent même si une certaine réserve est émise par le Pape (3) quant à la « nature » de l'image.
Puis suite à l'incendie de la chapelle Royale de Chambéry en 1532 où le linceul fut conservé dans un reliquaire d'argent, les Pauvres Clarisses procédèrent en 1534 à sa restauration, le consolidant sur la face sans image d'une toile de Hollande. À cette occasion, elles firent un compte rendu détaillé de l'image et de son tissu (4) décrivant avec émotion l'ensemble des plaies qu'elles observèrent de très près. On peut ainsi dire qu'à cette occasion fussent élaborées les premières observations « médicales » de l'homme du linceul de Turin.
En Avril 1868, Monseigneur Gastaldi, Évêque d'Aluzzo, mesure avec précision le linceul de Turin. Il fait alors 410 cm x 140 cm (5).
Mais c'est le 28 Mai 1898, que commence vraiment l'histoire scientifique de linceul de Turin. À l'occasion de l'exposition de 1898, le photographe amateur Secondo Pia prend pour la première fois une photo du linceul de Turin. Le négatif photographique le bouleverse. C'est à partir de cette date que les polémiques sur « l'authenticité » historique du linceul vont fleurir.
La science va alors s'emparer de ce tissu et de son image, essayant de savoir si oui ou non ce linceul date de l'époque du Christ et si c'est bien ce dernier qui a laissé son empreinte sur ce linceul.
Les critiques historiques ne vont pas tarder et c'est le chanoine Ulysse Chevalier (6) qui ouvre le bal en 1900, dénonçant un faux d'après ses recherches, notamment sur le « mémorandum de Pierre d'Arcis ».
En Avril 1902, le scientifique Yves Delage (7), professeur d'anatomie, présente à l'Académie des Sciences de Paris un compte rendu médical et scientifique sur le linceul de Turin et sur les observations faites sur le corps de l'homme du linceul de Turin. Il conclura notamment :
« Je reconnais le Christ en tant que personnage historique, et je ne vois pas de raisons pour que quelqu'un se scandalise du fait qu'il existe encore des traces matérielles de sa vie terrestre. »
Pour lui, il n'est pas inconcevable que ce linceul soit celui du Christ et que son empreinte corporelle s’y soit imprimée. Il subira à la suite de ce compte rendu de nombreuses pressions de ses collègues lui demandant de revenir sur ses déclarations. Ce qu'il ne fera pas.
Pour Paul Vignon en 1902, l'image qui est sur le linceul de Turin est naturelle ; ce serait de la vaporographie. L'aloès répandu sur le corps et le tissu lors de son embaumement aurait été bruni par les vapeurs ammoniacales émanant du cadavre en décomposition.
Paul Vignon est aussi à l'origine de l'étude entre les similitudes des traits caractéristiques du visage de l'homme du linceul de Turin et le visage de Jésus dans la tradition chrétienne depuis le VIe siècle.
En mai 1931, le photographe Giuseppe Enrié, prend une nouvelle fois des photos du linceul. Ces photos d'une très grande qualité serviront plus tard de base à de nombreuses recherches.
La même année, le Dr Pierre Barbet, chirurgien à l'hôpital Saint Joseph de Paris, commencera une longue série de tests sur des cadavres pour comprendre comment est mort l'homme du linceul. Il publiera pendant des années différents ouvrages sur ses recherches (8). Ses travaux serviront de base pour tout ce qui touche à l'analyse médicale des plaies, marques, et mort de l'homme du linceul. Il conclura notamment que les clous n'ont pas été enfoncés dans la paume de la main, comme le veut la tradition chrétienne, mais dans le creux des poignets. Il sera aussi à l'origine de l'hypothèse selon laquelle l'homme du linceul adopta plusieurs positions sur la croix, une position haute et une position basse, avant de mourir d'asphyxié Ses travaux sont une référence en la matière.
En 1973, le linceul est examiné pour la première fois directement par des scientifiques et des prélèvements sont effectués afin d'analyses. C'est notamment Gilbert Raes qui découpera un échantillon de tissu pour en déterminer la composition. Il sera le premier à trouver des traces de coton dans cet échantillon, un élément capital à l'étude du linceul et à la datation qui sera effectuée en 1988. Le même jour, Max Frei, un criminologiste suisse, spécialiste des pollens, effectuera des prélèvements de surface en appliquant directement sur le linceul des pressions avec du scotch spécial. Il découvrira plusieurs types de pollens dont certains venant du moyen-orient. Ces résultats seront toutefois contestés par manque de transparence quant aux échantillons de pollens prélevés et on sait aujourd’hui que les moyens utilisés ne permettaient pas de connaître avec certitude le type exact des pollens et donc leur provenance. De nombreuses difficultés techniques empêchent aujourd’hui encore des études plus approfondies.
Au USA, en 1973, les scientifiques John Jackson et Bill Mottern, utiliseront un appareil appelé le VP8 qui donnera pour la première fois au monde l'image tridimensionnelle de l'homme du linceul de Turin. Cette image est l'une des caractéristiques majeures du linceul. Elle est l'information codée au sein même de l'image, donnant la distance entre le linceul et le corps de l'homme qu'il recouvrait. Cette caractéristique est extrêmement difficile à reproduire par des techniques humaines lorsqu'on veut réaliser une copie de l'image du linceul.
En 1978, une étape capitale dans l'histoire scientifique du linceul est franchie. Un groupe de scientifique dénommé le STURP (9) (Shroud of Turin Research Project) est mis en place.
Leur travail se fera durant l'exposition de 1978 à Turin. Durant cinq jours, les scientifiques de différentes disciplines utiliseront entre autres les ultraviolet, l’infrarouge, la fluorescence aux rayons X et en lumière visible, les rayons X, feront des centaines de photographies, prélèveront des échantillons de surfaces de l'image, du sang et des fibres du tissu. Des scientifiques travailleront en même temps à différents endroits du linceul pour un total de 120 heures continues de travail.
Les résultats de ces travaux serviront de base de référence pour toute la communauté scientifique afin de connaître les caractéristiques du tissu et de l'image du linceul de Turin.
Cependant Walter McCrone dès 1979, fera entendre une voix discordante par rapport aux premiers résultats du STURP. Alors que ce dernier ne trouve pas de trace du travail d'un artiste, McCrone évoque une peinture. Il sera la référence de tous ceux qui voient dans l'image du linceul l'oeuvre picturale d'un artiste. Affirmant plus tard avoir trouvé dans les échantillons qu'il avait en sa possession des composants de vermillon, malgré le désaccord de tous les autres scientifiques du STURP. Il ne changera pas d'avis jusqu'à sa mort.
En 1977, le professeur Harry Gove et ses collègues de l'Université Rochester inventent la méthode de datation par le radiocarbone, AMS (Accelerator Mass Spectrometry), qui ne nécessite que des échantillons de petites dimensions. C'est cette méthode qui sera utilisé pour dater le linceul de Turin en 1988. Harry Gove et le Dr Harbottle seront entre autres à l'origine du protocole initial pour dater le linceul de Turin. Ce qui sera fait en 1986, où les représentants de plusieurs laboratoires de datation au radiocarbone établissent un protocole précis de datation au carbone 14 du linceul de Turin. Dans cette liste, huit laboratoires de datation sont choisis. Mais en 1987, et malgré les ardentes protestations des huit laboratoires, de Gove et Harbottle, invoquant qu'une modification du protocole initial vouerait à l'échec toute datation, le Cardinal Ballestrero de Turin, réduit le nombre de laboratoire à trois, sans que le laboratoire de Gove en fasse partie.
Les Dr John Heller et Alan Adler publieront pendant des années des articles sur les analyses d'échantillons prélevés en 1978 sur la partie image du linceul et sur le sang. Leurs travaux serviront de référence pour connaître les caractéristiques chimiques de l'image et ils arriveront à la conclusion que les tâches rouges sur le linceul sont bien du sang (10). Ian Wilson écrira pour sa part plusieurs articles sur l'histoire du linceul de Turin. Il sera à l'origine des différentes hypothèses qui relient le linceul de Turin au Mandylion d'Édesse/Constantinople et proposera de faire des Templiers les possesseurs du linceul pendant plusieurs dizaines d'années.
Enfin Raymond Rogers, un chimiste du Laboratoire National de Los Alamos, ancien membre du STURP ayant effectué des analyses sur des échantillons du linceul en 1978, sera le pionnier de nouvelles découvertes (11) fondamentales et qui risquent de changer l'histoire du linceul de Turin. Il découvrira en effet que la zone de prélèvement de l'échantillon de 1988 faisant du linceul un tissu médiéval, est une zone non représentative du reste du linceul sur plusieurs points fondamentaux, – ce qui entraîne pour conséquence une datation invalide. Le linceul de Turin ne peut donc plus être daté du Moyen Âge. Une nouvelle datation est nécessaire.
Grâce à tous ces chercheurs, qu'ils soient convaincu d'un linceul authentique ou non, ou qu'ils cherchent juste à comprendre la formation de l'image, toutes ces personnes ont fait du linceul de Turin un des objets archéologiques le plus étudié au monde. Sans ces personnes et leur immense travail, sans leur détermination, leur conviction ou sacrifice, sans une concurrence parfois acharnée entre ceux qu'on appelle les sindonologistes et les sceptiques, le linceul de Turin aurait été très vite plongé dans l'oubli.
La recherche scientifique n'est absolument pas finie. D’autres découvertes sont en cours grâce à des hommes et des femmes passionnés.
Peut-être aura-t-on la chance un jour de voir de nouvelles analyses faites directement sur le linceul comme en 1978. C'est ce que les scientifiques appellent de leurs voeux les plus chers.
Pour en savoir plus sur la datation au carbone 14 et les tentatives de reproductions de l'image, vous pouvez acheter le livre sur le saint suaire.
Références :
1- Voir Mémoire de Pierre d’Arcis, évêque de Troyes, au pape d’Avignon Clément VII, Paris, Bibliothèque nationale, Collection de Champagne, v. 154, fol. 138.
2- Voir également l'étude comparative détaillée des Évangiles Canoniques, le linceul de Turin, op. cit., pp. 187 à 238.
3- Bulle du 1 Juin 1390 qui accorde des indulgences aux pèlerins de l’église de Lirey qui viennent voir « l’image ou représentation du suaire du Seigneur conservée avec respect (ou vénération)».
4- Extrait du livre Le Saint Suaire de Chambéry à Sainte Claire-en-ville (Avril-Mai 1534) par l'abbé Léon Bouchage, Chambéry, Imprimerie, C. Drivet, 1891.
5- www.shroud.com/history.html
6- Alphonse PICARD, Chanoine Ulysse Chevalier, Étude critique sur l'origine du saint suaire de Lirey-Chambéry-Turin, Paris, 1900.
7- Lettre de Yves Delage à Charles Richet le directeur de la Revue Scientifique en 1902. Publié dans : Revue scientifique, n° 22 du 31 mai 1902, pp. 683-687. Pour plus de détails voir le blog de Dominique Autié : http://blog-dominique.autie.intexte.net/blogs/ index.php/2006/04/21/lettre_d_yves_delage_a_charles_richet
8- Entre autres : P. BARBET, La Passion de Jésus-Christ selon le chirurgien, Éditions Médiaspaul, 1986.
9- Voir la liste complète sur : www.shroud.com/78team.htm
10- John H. HELLER, Alan D. ADLER, a chemical investigation of the Shroud of Turin, Canadian Society of Forensic Sciences Journal, 14(3), 1981.
11- Studies on the radiocarbon sample from the Shroud of Turin, Thermochimica Acta, Volume 425, Issues 1-2, pp. 189-194.
Texte intégral du livre - "complément d'enquête"
Les liens vers les autres dossiers scientifiques :
- Les caractéristiques de l'image et du tissu
- L'échantillon pour une datation
A propos du site
Le linceul de Turin ou Saint Suaire est un objet archéologique fascinant, qu’il soit un vrai linceul ayant recouvert le corps de Jésus de Nazareth ou qu’il ait été créé par l’homme pour représenter la Passion et la mort du Christ. Mais comme toutes les « reliques », ce tissu et cette image opposent les croyants que les sceptiques. Ce site, les conférences et les livres qui sont proposés par l’auteur sont là pour faire la différence entre croyance et science, démêler le vrai du faux et dépassionner les débats en ne proposant que l’approche scientifique du sujet. Même s’il est possible de faire de ce linge le rapprochement avec le linceul du Christ pour un croyant, il n’en reste pas moins que c’est la science et l’histoire qui pourront confirmer ou non l’authenticité du linceul de Turin. Enfin, même si la science continue d’affirmer que ce linceul n’est pas celui de Jésus de Nazareth, car il ne faut pas oublier qu’il peut toujours s’agir d’un « vrai » linceul ayant contenu le corps ensanglanté d’un homme quelque soit son époque, il n’en reste pas moins que l’étude de son histoire et le mode de « fabrication » de son image restent des recherches passionnantes et constituent l’essentiel des propos de l’auteur. Quelle que soit l’issue de cette « histoire », l’auteur proposera d’étudier ce linceul comme tout autre objet archéologique d’un point de vue historique et scientifique pour comprendre comment il a été « fabriqué ».
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