Les analyses scientifiques ont permis de connaître la manière dont a été tissé le suaire de Turin, mais également des hypothèses sur son origine géographique.
De Sébastien Cataldo, le 26 janvier 2017
Avec ces livres, vous allez connaître toutes les bases des études sur :
- Le Tome 1 – Les évangiles, vous pourrez lire une synthèse théologique couvrant l’analyse des quatre évangiles au regard de leur correspondance possible avec le linceul de Turin… qu’il soit authentique ou non.
- Le Tome 2 - L’histoire, vous allez savoir si ce linceul peut être historiquement daté du Ier siècle.
- Le Tome 3 - la médecine, vous découvrirez ce que les médecins légistes ont déclaré quand ils ont examiné les blessures de l’homme du linceul.
- Le Tome 4 - la science, vous aurez toutes les connaissances requises pour comprendre les découvertes scientifiques les plus importantes et la controverse de la datation au carbone 14.
Alors, ne ratez pas les dernières découvertes et téléchargez les 4 livres gratuits.
Il faut préciser d’abord que nous parlons bien de linceul, du latin "linteum", une pièce de lin qui servait à l'ensevelissement des morts et non de suaire, du latin "sudarium", mouchoir ou serviette pour essuyer la sueur qui était déposée parfois sur la tête du défunt avant de le recouvrir du linceul.
Dans les recherches qui vont suivre, un grand nombre des résultats(1) viennent de l'équipe du STURP(2) (Shroud of Turin Research Project).
De quoi est fait ce linceul justement et quelle est sa description ?
Le linceul de Turin est un tissu de lin jauni par le temps, d'une longueur de 4,41 mètres et de 1,13 mètre de largeur. D’une densité moyenne de 20 à 23 milligrammes/cm2, c’est un tissu léger, tissé en sergé 3 lie 1, à chevrons en arrête de poisson avec des fils à torsion en Z.
Le linceul de Turin avant sa restauration en 2002
Son épaisseur d’environ 0,3 mm en fait un tissu beaucoup plus fin et souple qu’on ne l’imagine souvent.
Image tirée d'une vidéo sur la découpe du linceul de Turin pour le daté au carbone 14 en 1988
Il est constitué de deux parties: l’une mesurant 4,35 m sur 1,00 m (92 % de la surface), l’autre mesurant 3,8 m sur 9 cm (8 % de la surface) : la bande latérale.
On a longtemps pensé que cette bande latérale avait été découpée puis recousue au linceul. La parfaite continuité aux rayons X des fils de part et d’autre de la « couture » indiquerait plus probablement qu’il y a en fait continuité et que la « couture » qui semble les joindre est en fait une sorte de repli, de tube fait dans on ne sait quel but, peut-être pour faciliter la prise en main lors des ostensions(3).
Les dimensions du linceul correspondraient exactement à 8 x 2 coudées juives.
Maintenant, qu'ont trouvé les scientifiques et quelles sont leur conclusions ?
Première découverte, le lin a été blanchi avant son tissage alors qu'à partir du VIIIe siècle, le lin était généralement blanchi après être tissé. C’est important pour la suite de l’étude.
On peut voir aussi sur le linceul en dehors de l'image, différentes traces :
- Des traces de brûlures provoquées par un incendie survenu en 1532 et de larges taches faites par l’eau utilisée pour éteindre ce feu.
Un trou dans le linceul dû à une brulûre. On remarque que la zone noircie par le feu est très réduite, le lin étant mauvais conducteur de la chaleur.
Une brulûre très grossi. Le lin étant très mauvais conducteur de la chaleur, le feu ne s'est pas bien propagé.
- Avant 2002 et sa restauration, il y avait des pièces de tissu de lin cousues au niveau des trous provoqués par l’incendie de 1532 et une toile dit de “Hollande” recouvrant la totalité du linceul sur la face arrière, la partie où il n’y avait pas d’image visible, et ceci afin de le renforcer. Les Clarisses de Chambéry étaient les ouvrières de ce travail minutieux.
Trou dans le tissu recousu avec un patch par les Clarisses de Chambery.
Une grande tâche d'eau.
- Deux des 4 coins du linceul sont manquants, découpés à une époque inconnue dans la bande latérale. Une de ces parties manquantes est très proche de la partie découpée en 1988 pour la datation au radiocarbone.
La zone datée au carbone 14 après son découpage en 1988, avec la Toile de Hollande (blanche) visible au dessous.
- On remarque enfin la « couture » latérale ou plutôt le repli épais décrit plus haut à quelques centimètres d'un des bords, tout le long du côté vertical du linceul et joignant la partie principale à la bande latérale.
Plusieurs experts en textiles anciens se sont aussi intéressés au linceul.
On a souvent pensé que le linceul était en trop bon état pour dater de 2000 ans. En fait, de nombreux tissus de lin vieux de 3000 ou 4000 ans, le plus souvent de l’Egypte ancienne, exposés dans les musées sont dans un aussi bon état de conservation que le linceul.
Le type de tissage est aussi très particulier, complexe et extrêmement rare. De plus, nous avons vu que les fils sont tordus en « Z » alors que presque toujours le sens de torsion est en « S ».
Tout ceci est-il compatible avec les techniques connues dans l’antiquité ?
Voici, à titre d’exemple, ce que conclut l’expert John Tyrer(4) : « Il semble par conséquent très douteux que le linceul de Turin a été produit dans l’Egypte antique mais, tenant compte de la diffusion des idées au début de l’ère chrétienne et de la haute technologie disponible dans l’ancien monde, il serait raisonnable de conclure que des textiles de lin avec torsion des fils en « Z » et une technique de tissage identique à celle du suaire de Turin ont pu être produit au premier siècle en Syrie ou en Palestine ».
Une donnée importante provient de la comparaison du linceul avec la toile de Hollande et les patches cousus au linceul en 1534 qui sont d’authentiques tissus de lin médiévaux historiquement datés.
Voici ce qu’écrit le même John Tyrer en étudiant attentivement les radiographies X prises en 1978 qui permettent une analyse détaillée des fils et du tissage : « (…) Les patches et la toile de Hollande sont des tissus à tissage simple et sont de bien meilleure qualité que le linceul. Ils semblent contenir beaucoup moins de fautes de tissage alors que le linceul, en comparaison, est un produit beaucoup plus grossier. Il est plein de fautes de tissages sur les fils de chaîne comme sur les fils de trame (…). L’impression que j’en garde est qu’il s’agit d’une fabrication beaucoup plus « crue » et probablement plus ancienne que la Toile de Hollande et les patches. Ceci, je pense, situe le linceul de Turin à une autre époque que le Moyen-âge, bien plus que tout ce que j’ai pu constater d’autre à propos de ce tissu. »(5)
Ce type de constatation est partagé par les autres experts ayant pu examiner le linceul, en particulier Mme Flury-Lemberg, dont nous reparlerons plus loin.
En 1973, comme on l’a vu, le professeur G. RAES a pu découper 2 morceaux contigus du tissu dont un bout dans la bande latérale et l'autre dans le corps du linceul. Outre le fait que le linceul (corps principal et bande latérale) est fait de lin, il fit une découverte qui prendra tout son sens par la suite : des fibres de coton sont présentes du côté du corps du linceul et aucune du côté de la bande latérale. C’est à partir de cette observation qu’on en a déduit que le linceul, dans son ensemble contenait du coton mêlé au lin. Nous verrons qu’il n’en est rien et que les choses sont bien plus complexes. Ceci montrera le danger de généraliser à partir d’un petit échantillon. Un deuxième point notable est le fait que nulle part on ne trouve de fibres de laine sur le linceul.
Ce qui permet de faire une remarque intéressante :
Si le linceul avait été tissé au Moyen-Âge en Europe, on aurait dû trouver très vraisemblablement une contamination par des traces de laine car le métier à tisser utilisé aurait dû en contenir.
A l’inverse, le mélange des textiles végétaux et animaux comme la laine est interdit dans le loi juive ce qui rend donc possible l'hypothèse d'un tisserand juif.
Une autre découverte importante provient du mode de piquage utilisé pour une couture presque invisible située le long du repli reliant le corps du linceul et la bande latérale. Celle-ci est, selon Mme Flury-Lemberg, éminente experte chargée de cette partie de la restauration de 2002 qui la découvrit à cette occasion, identique à celles que l’on trouve dans des restes de tissus retrouvés dans la forteresse de Masada en Israël et datant du 1er siècle. Ce type de couture est très particulier et l'Europe du Moyen-âge ne semble pas le connaître. Cependant, cette hypothèse reste très contestée par d'autres experts textile. Elle est donc à prendre avec précaution.
L'analyse textile permet donc de montrer que le tissu et le mode de tissage du linceul non seulement ne sont pas incompatibles avec un tissu antique du Moyen-Orient mais que certains détails (les nombreuses fautes de tissage, la couture type « Masada », le mode ancien de blanchiment, l’absence de fibres de laine) rendent possible une telle origine. Néanmoins les études textiles ne sont pas en mesure d’apporter une preuve formelle sur l’origine et de la date de fabrication du linceul.
Pour en apprendre plus sur le tissu et son image, vous pouvez télécharger gratuitement l'ebook du livre sur le saint suaire.
Références :
1- http://www.shroud.com/78conclu.htm
2- http://www.shroud.com/78team.htm
3- Alan D. Adler, Concerning the side strip of the Shroud of Turin, Acheiropoietos, non fait de main d’homme, Actes du iiie Symposium scientifique international du CIELT, Nice, 1997, Paris, 1998.
4- John Tyrer, Looking at the Turin Shroud as a textile, Textile Horizons, December 1981.
5- British Society for the Turin Shroud (BSTS), Newsletter 8, Octobre 1984.
Texte intégral du livre - "complément d'enquête"
Les liens vers les autres dossiers scientifiques :
- Les caractéristiques de l'image et du tissu
- L'échantillon pour une datation
A propos du site
Le linceul de Turin ou Saint Suaire est un objet archéologique fascinant, qu’il soit un vrai linceul ayant recouvert le corps de Jésus de Nazareth ou qu’il ait été créé par l’homme pour représenter la Passion et la mort du Christ. Mais comme toutes les « reliques », ce tissu et cette image opposent les croyants que les sceptiques. Ce site, les conférences et les livres qui sont proposés par l’auteur sont là pour faire la différence entre croyance et science, démêler le vrai du faux et dépassionner les débats en ne proposant que l’approche scientifique du sujet. Même s’il est possible de faire de ce linge le rapprochement avec le linceul du Christ pour un croyant, il n’en reste pas moins que c’est la science et l’histoire qui pourront confirmer ou non l’authenticité du linceul de Turin. Enfin, même si la science continue d’affirmer que ce linceul n’est pas celui de Jésus de Nazareth, car il ne faut pas oublier qu’il peut toujours s’agir d’un « vrai » linceul ayant contenu le corps ensanglanté d’un homme quelque soit son époque, il n’en reste pas moins que l’étude de son histoire et le mode de « fabrication » de son image restent des recherches passionnantes et constituent l’essentiel des propos de l’auteur. Quelle que soit l’issue de cette « histoire », l’auteur proposera d’étudier ce linceul comme tout autre objet archéologique d’un point de vue historique et scientifique pour comprendre comment il a été « fabriqué ».
www.linceul-turin.com - Copyright © Tous droits réservés Sébastien Cataldo 2008-2022 - Mentions légales - Contact - CGV - Affiliation
Site créé et hébergé en France